Un bug serveur, une coupure d’électricité ou, pire encore, une attaque informatique. En une fraction de seconde, tout bascule. Plus de supervision, plus d’accès aux données, plus de commandes qui partent. La production s’arrête nette. Ce genre de scénario catastrophe peut sembler extrême. Et pourtant, il est loin d’être rare, surtout dans les entreprises industrielles de plus en plus connectées. La vraie question, ce n’est pas “est-ce que ça va arriver ?”, mais “quand ?”. Et quand ça arrive, mieux vaut être préparé. C’est précisément là qu’intervient un outil encore trop méconnu : le plan de continuité informatique. Un nom un peu austère pour un bouclier essentiel.
L’industrie 4.0, hyper connectée… donc hyper fragile ?
Aujourd’hui, les sites industriels sont devenus de véritables écosystèmes numériques. Automates, robots, capteurs IoT, logiciels de production, ERP… tout est interconnecté. Résultat : la moindre défaillance informatique peut mettre à l’arrêt une chaîne entière. Et le plus souvent, cette dépendance s’est installée progressivement, sans que l’on mette en place les garde-fous nécessaires.
Concrètement, une panne réseau ou un bug dans un logiciel MES (Manufacturing Execution System) peut bloquer les machines, faire perdre des données en cours de traitement, voire engendrer des défauts de production. Et dans certains secteurs, une heure d’arrêt peut coûter des dizaines de milliers d’euros.
Pas besoin d’un virus ultra-sophistiqué : parfois, une simple erreur de configuration suffit. D’où l’importance, dès aujourd’hui, de réfléchir à un plan de continuité informatique efficace.
Les menaces sont partout (et elles ne préviennent pas)
La menace la plus médiatique reste la cyberattaque. Ransomwares, phishing, sabotage numérique : les exemples récents ne manquent pas. De grandes entreprises comme de petites PME ont vu leur activité paralysée pendant plusieurs jours à cause d’une faille exploitée. Mais les cybercriminels ne sont pas les seuls responsables des pannes critiques. Un incendie dans une salle serveur, une coupure de courant mal gérée, ou même une mise à jour ratée peuvent avoir des effets tout aussi désastreux. Et dans la plupart des cas, ces incidents frappent sans prévenir. Dans l’urgence, sans procédure claire ni solution de secours, on improvise. Et souvent, on aggrave la situation.
Le plan de continuité informatique, lui, sert justement à éviter ça : il permet d’avoir un cap, un plan B clair, des outils prêts et une équipe formée à réagir.
Le PCI, c’est quoi exactement ?
Derrière son acronyme un peu obscur, le plan de continuité informatique (ou PCI pour les intimes) repose sur une idée simple : assurer la survie des services numériques critiques, même en cas de pépin majeur.
Le but n’est pas d’empêcher les incidents (ça, c’est le rôle de la cybersécurité), mais d’en limiter les dégâts.
Le PCI permet notamment :
- De continuer à faire tourner les services essentiels, même en mode dégradé
- De réagir rapidement grâce à des procédures prédéfinies
- De redémarrer les systèmes dans un délai acceptable (le fameux RTO – Recovery Time Objective)
- De limiter la perte de données (RPO – Recovery Point Objective)
- De rassurer les clients, partenaires et assureurs sur votre capacité de réaction
Et ce plan ne vit pas tout seul dans un tiroir. Il doit être testé, mis à jour, simulé. Sinon, c’est comme une alarme sans piles : ça ne sert à rien le jour où ça doit fonctionner.
Pourquoi c’est encore plus important dans l’industrie ?
Comment s’y mettre sans se prendre la tête ?
Pas besoin d’un budget pharaonique pour démarrer. La mise en place d’un plan de continuité informatique peut très bien commencer petit, avec quelques étapes clés :
- Lister les services vitaux à votre activité
- Identifier les risques principaux (pannes, coupures, erreurs humaines, cyberattaques)
- Définir qui fait quoi en cas d’incident
- Mettre en place des sauvegardes fiables et des systèmes de secours
- Former les équipes et faire des tests réguliers
De nombreuses PME industrielles s’appuient sur des prestataires ou des solutions cloud pour externaliser une partie de ce plan. L’essentiel, c’est d’avoir une stratégie, même simple. Et surtout, de ne pas attendre la crise pour y penser.